La Veggie Pride se poursuit, le végétarisme pour les animaux s’affirme
De nouveaux stands se sont installés ce matin sur l’écosite de Bernex pour la première Veggie Pride internationale. Des associations sont présentes pour informer et soutenir l’événement, l’Association Suisse pour le Végétarisme (ASV), L124 pour la défense des animaux, Sea Shepherd, Soyez Végé Devenez Ecolo (Be Vegan Make Peace).
Aux côtés des producteurs des Produits de la Vie, des mets vegan sont proposés aux participants, ravis de ne pas avoir à inspecter les étiquettes pour contrôler la présence de produits animaux, comme à leur habitude.
Conférence de Mélanie Joy
La matinée s’est ouverte sur la très attendue conférence de Mélanie Joy, auteure du livre Pourquoi nous aimons les chiens, mangeons du cochon et portons de la vache, professeure d’université aux Etats-Unis et sociologue. Elle est la créatrice de la pertinente théorie du carnisme, qui rencontre un grand succès.
Elle explique que les idéologies dominantes sont basées sur des croyances qu’il est important de reconnaître. Les idées alimentant la croyance que les femmes étaient inférieures aux hommes reflétaient l’idéologie sexiste. Elles-mêmes y croyaient jusqu’à ce qu’elles prennent conscience qu’elles étaient oppressées et non pas inférieures. Le fait de transformer cette croyance a engendré le mouvement de libération de la femme. Pour les animaux, le processus est comparable. Les malmener pour les manger n’est pas nécessaire, c’est un donc un choix. Les choix sont basés sur des croyances; ici, on parle de carnisme. La conférencière a démontré combien cette idéologie est ancrée dans les mœurs de la société, jusque dans ses lois, et combien elle est invisible. La plupart des gens qui mangent de la viande aiment les animaux, explique-t-elle, et n’ont pas conscience de faire un choix en mangeant leur chair. Les nombreux dialogues de Mélanie Joy avec des omnivores lui ont permis de mettre en avant les justifications les plus courantes, qu’elle regroupe sous les « trois N »: manger des animaux est perçu comme normal, naturel, nécessaire. Elle fait le parallèle avec les autres idéologies dominantes; la suprématie des blancs sur les noirs, l’esclavage, était aussi justifié par les « trois N », tout comme celle des hommes sur les femmes. De la même façon, le carnisme nous apprend à voir les animaux comme des objets, à considérer qu’ils sont tous les mêmes: entre un cochon et un autre, quelle différence? D’ailleurs, ils reçoivent des numéros au lieu de noms. Tout cela n’est pas sans rappeler des pages bien sombres de notre histoire…
Quand l’idéologie dominante est menacée…
… Elle réplique. Plus les végans ébranlent les fondements du carnisme, plus la répression est forte. Les défenseurs des animaux progressent, leur souffrance est de plus en plus reconnue, les actions se multiplient, les publications sont de plus en plus nombreuses et étayées. Plus il devient difficile d’ignorer que manger de la viande est une lubie inutile, plus les tentatives pour la justifier sont grandes. Les personnes véganes sont marginalisées, ridiculisées. Elles seraient extrémistes, hippies, hyper émotives, carencées, malades… bref, elles ont forcément un problème. C’est ce phénomène que les participants de la Veggie Pride nomment végéphobie.
Manifestations devant les plus hautes instances
L’intervention de Mélanie Joy a parfaitement introduit le programme de l’après-midi. Un phénomène qui est nommé et compris est plus facile à vivre. Ainsi, de nombreuses personnes se sont rendues place des Nations à l’attention de l’Organisation Mondiale de la Santé. L’alimentation végétale est bonne pour la santé, les végétaux fournissent à l’organisme humain tout le nécessaire, voilà le message de la pyramide alimentaire végane que les manifestants ont mise en place cet après-midi. Ils ont souhaité illustrer de façon originale et pacifique leur demande: une information médicale neutre et adaptée. En effet, les médecins sont peu formés en matière d’alimentation et imprégnés par l’idéologie carniste et la végéphobie. Les mauvaises expériences régulières des végéta*iens à ce niveau ont des conséquences dommageables sur leur santé, estiment-ils. En ce sens, une délégation s’est rendue à l’OMS pour remettre à sa présidente une demande officielle; soit le respect de leur droit à être soignés et renseignés sans être jugés.
Jérôme Bernard-Pellet, médecin végan membre de l’ASPARES, a rappelé la position officielle de l’Association de Diététique Américaine, basée sur 2800 références scientifiques indexées dans les plus grandes revues médicales: l’alimentation végétarienne et végétalienne est bonne pour la santé et devrait être encouragée, affirme-t-il.
Ce sont des végéta*iens ravis de voir leur cause progresser qui sont rentrés à Bernex pour une soirée de conférences. L’exploration de ces thématiques sera poursuivie avec l’intervention de Jeanette Rowley, qui encourage l’inclusion des végans dans les lois contre les discriminations, et d’Yves Bonnardel qui présente le sujet de la végéphobie.
Article: Marie Dulout
Photos – vidéo: Jean-Pierre Froud
Pour l’équipe de la Veggie Pride
Vendredi 17 mai 2013
Conférence de Melanie Joy:
Quelques images supplémentaires de la journée:
Deux manifestants enthousiastes.
Le discours de Constantin Imbs sur la place des Nations.
Dr Mai Bui.
Au sortir de la remise de la lettre à l’OMS.
La conférence de Jeanette K Rowley de l’International Vegan Rights Alliance.
Melanie Joy and her translator.
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